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Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/272

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PROMENADE EN HOLLANDE.

C’est le sang printanier de cette vierge blonde
Dont la flamme fondit la neige de ses jours !

Pauvre Barbe Blumberg !… comme son sein palpite
Quand ton fils aux yeux bleus passe sous son regard !…
De ce Faust couronné tu fus la Marguerite,
Et tu souris encor dans l’âme du vieillard !

La voûte et les arceaux du dôme me renvoient en sons rhythmés l’écho de mes vers que j’ai murmurés tout haut. On dirait que les voix des tombes me répondent. Bientôt la dernière répercussion se tait ; le silence redevient solennel. Il me semble que la nef se remplit de ténèbres ; puis tout à coup quelque chose de lumineux rayonne vers le dôme et se place au milieu, sur le cercueil de Charlemagne. Je crois voir debout, les mains derrière le dos, le troisième des grands empereurs ! C’est le feu de ses yeux qui éclaire l’espace autour de lui, et, tandis qu’il marche, l’irradiation se fait plus large. Il entend sous ces voûtes deux noms retentir ; il voit sur toutes les dalles flamboyer ces deux noms : Charlemagne ! Charles-Quint ! il pèse leur grandeur et mesure leur fortune et leur destinée. N’est-il pas désormais leur vainqueur ? N’a-t-il pas conquis leurs royaumes ? N’est-il pas le maître de leurs poussières, et ne pourrait-il pas, au gré de son caprice, les jeter au vent ?

Mais lui-même, quelle sera sa fin ? que deviendront ses cendres ?