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Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/45

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PROMENADE EN HOLLANDE.

blent colorer la peau d’un frais incarnat. On sentait circuler un sang vif sous cette blancheur rosée ; les yeux, d’un bleu sombre, paraissaient presque noirs ; le nez était mignon, mobile et aux narines dilatées ; la bouche, entr’ouverte, laissait apercevoir de petites dents de perles ; le menton avait une de ces fossettes qu’on croit que les peintres rêvent et qui sont si attrayantes dans la nature ; le cou, un peu fort, se développait sur une magnifique poitrine légèrement bombée. Cette jeune fille était plus robuste et moins grande que l’autre. Sa toilette révélait aussi un vif désir de séduction et d’empire ; elle portait une robe de brocart rouge à ramages blancs, qui descendait en longs plis jusqu’à ses pieds chaussés de souliers rouges. Son corsage laissait à nu les épaules veloutées ; sur l’une des épaules, se penchait un peu la tête expressive ; à son beau bras, qui s’accoudait sur un fût de colonne, s’enroulait un serpent d’or aux yeux de rubis, et dans sa main, plus forte et moins parfaite que celle de l’autre jeune fille, elle tenait un éventail japonais en plumes blanches et rouges. Plusieurs rangs de perles retombaient sur son corsage, et y formaient pour ainsi dire draperie ; par une fantaisie de femme hollandaise, elle avait mis sur sa tête une épaisse couronne de tulipes pourpres, veinées de jaune et de blanc, et qui, retombant entre les ondulations de ses cheveux