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Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/54

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PROMENADE EN HOLLANDE.

Dyck. Comme contraste, voici une ronde d’enfants peinte par Albano. C’est un des chefs-d’œuvre de ce maître de la morbidezza, un délicieux tableau de chevalet qu’on voudrait avoir à soi : de beaux enfants, ou des Amours tout nus, forment une ronde sous deux grands rideaux de brocart vert drapés à larges plis, et au milieu desquels descend et se balance une lampe de forme antique formée par des mousses et des feuillages. Les poses des enfants ont une grâce toujours nouvelle et toujours variée. Quel modelé et quel coloris dans ces jolis bras et ces reins cambrés ! Ce sont toutes sortes d’enlacements naturels que l’art a saisis au vol. Un des enfants passe sa main entre ses deux petites jambes potelées, et la tend par derrière à l’enfant qui danse à côté de lui. Les yeux pétillent, les bouches rient, les jolies narines se dilatent, et les joues rondes sont couvertes d’un duvet de pêche.

Quelle candeur divine ! quelle délicatesse idéale dans cette vierge si belle de Moreelse ! On emporte le souvenir de ce visage dans le coin le plus pur de l’âme.

Le musée de Rotterdam possède un Murillo : ce sont trois enfants et un petit nègre d’un coloris chaud et vivant.

Je fus très-frappée par un portrait de vieille femme peint par Jean-Victor : c’est une tête pâle, méditative et souffrante, évoquant pour moi