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Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/57

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PROMENADE EN HOLLANDE.

et les canaux composent les promenades appelées le Plantage et le Chemin de Delfthaven. Le cottage anglais et la maison de campagne française ne sauraient donner une idée de ces retraites si complétement tranquilles, qu’enveloppe un silence assoupissant et glacé : ici, même au mois d’août et en plein midi, les insectes sont sans bourdonnement et semblent s’engourdir dans les fleurs ; les crapauds et les petites grenouilles vertes ne coassent pas sur les mousses et sur les nénufars qui couvrent entièrement ces eaux et auxquelles elles se confondent sans mouvement et sans bruit.

Rien de mélancolique comme ces bassins et ces canaux avec leur voile de verdure, et où se baignent les murs d’une fraîche maison enjolivée de sculptures de fantaisie et de couleurs vives : en regardant ces eaux plantureuses, on se sent, comme les murs qu’elles étreignent, enveloppé d’un manteau d’humidité. Des ponts élégants à balustres de cuivre reluisant, décorés de vases pleins de fleurs et de plantes grimpantes, sont jetés, des chemins publics ou des sentiers, à la porte des habitations, qui semblent s’élever au milieu d’un îlot. Parfois, des plantes aquatiques, relevées en espalier, montent jusqu’aux fenêtres du premier étage ; d’autres fois, ce sont des lierres qui prennent racine sur quelque langue de terre ferme et entourent la maison de leurs sinuosités.