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Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/73

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PROMENADE EN HOLLANDE.

— Charmantes, mais un peu monotones, répondis-je bien vite pour en finir ; la tristesse et l’inaction les enveloppent et les endorment, comme les nénufars et les mousses font de ces eaux engourdies qui entourent leur maison ; mais il m’a semblé que Marguerite protestait et revenait à la vie.

— Oui, elle est sauvée, répliqua le docteur, qui faisait à la fois une étude morale et médicale sur les deux aimantes filles. Quant à Rosée, il se pourrait bien qu’il fût trop tard, comme elle le pressent. »

La voiture allait si vite, que nous avions déjà franchi le Bompjès ; nous glissions dans les rues de Rotterdam, éclairées par les fanaux où les lanternes à bec de gaz qui se reflétaient dans les canaux et en miroitaient la surface ; la lune se jouait dans le feuillage des arbres et dans les voilures des grandes barques et des navires. Tout en remarquant l’aspect fantastique de la ville, je ne cessais de répéter :

« Allons, docteur, commencez ! »

La voiture s’arrêta. Nous venions d’arriver chez le đocteur.

« Regardez d’abord ces deux maisons, me dit-il, celle à côté de la mienne et celle en face, sur l’autre rive du canal.

— Elles sont parfaitement closes, répondis-je ; et je n’y aperçois aucune lumière.