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Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/80

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PROMENADE EN HOLLANDE.

« De notre chef, dirent-elles à l’unisson, nous ne donnerons rien pour ces mariages prématurés, jusqu’au temps où notre vaisseau, qui part dans huit jours pour les Indes, sera de retour et nous apportera, soit un accroissement, soit un déficit de fortune. »

Les jeunes gens n’avaient rien entendu ; le bon Van Hopper, seul, se regimba et ordonna qu’on laissât la clause en blanc, ajoutant qu’il pensait bien que les mères se raviseraient avant le jour du mariage, fixé à huitaine. Lui, il donnait toute sa fortune à sa fille ; et à sa pupille il remettait le patrimoine de ses parents, qu’il avait doublé par son labeur.

Les contrats signés, les deux mères sortirent ; ce fut le signal de la gaieté : on passa la nuit dans les danses, qui ne furent interrompues que par un souper somptueux.

Toute fête prolongée entraîne une lassitude d’âme et de corps qui produit un lendemain d’ennui. Georges et Guillaume avaient dansé la veille avec tant de frénésie, ils avaient ressenti des émotions si vives auprès de leurs fiancées et bu tant de vin de France, qu’ils éprouvaient à leur réveil un accablement et une fatigue qui ressemblaient à un commencement de maladie. Les bonnes mères accoururent comme effrayées dans la chambre qu’avaient voulu occuper ensemble leurs deux fils, afin de pou-