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Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/86

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PROMENADE EN HOLLANDE.

eussions la tyrannie d’enchaîner vos penchants ? La femme faible doit subir le vouloir de l’homme fort : à nous le foyer, à vous le monde ! Si elles vous aimaient comme vos mères vous aiment, ces deux étrangères que vous nous préférez, elles vous auraient dit : « Suivez votre instinct, satisfaites votre destinée, dépensez au loin votre belle jeunesse. Nous saurons attendre, nous attendrons, car le véritable amour est patient jusqu’à la mort ! »

Nous attendrons ! Ce mot vibra comme un clairon dans le cœur de Georges et de Guillaume, tandis que leurs mères parlaient. Et en effet, pourquoi n’attendraient-elles pas un ou deux ans, les deux belles jeunes filles, tandis qu’ils iraient satisfaire leurs rêves ? Puis ils reviendraient près d’elles ; ils seraient alors meilleurs maris, sans le tourment et le regret des désirs inassouvis.

Les deux veuves comprirent aux regards et à l’inflexion de voix de leurs fils qu’elles avaient frappé juste, et, comme si elles craignaient de peser sur leur décision, elles s’éloignèrent avec une habileté calculée.

Aussitôt Georges et Guillaume, tout en s’habillant avec rapidité et semblant renaître à une vie nouvelle, s’écrièrent en se tournant vers moi :

« Elles ont raison ! qu’en penses-tu ? »

Interpellé quand j’étais moi-même assailli par le