Page:Collection de précis historiques et mélanges religieux, littéraires et scientifiques, année XII, 1863.djvu/298

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rent un grand nombre de prodiges, et non-seulement là, mais encore dans toute la contrée d’alentour. Quiconque était atteint d’une maladie, quelque grave qu’elle fût, n’avait qu’à visiter avec confiance le tombeau de la sainte, et aussitôt il était délivré de son mal. Aussi la renommée se répandit-elle bientôt jusque dans les pays voisins, et parvint à l’oreille d’un roi puissant.


IV


C’était au commencement du xiiie siècle. Le sceptre impérial était passé des mains affaiblies des Grecs au pouvoir de ceux que les saintes Écritures ont appelés verge de fer.

Devenus maîtres de Constantinople, les Latins dépouillèrent les églises ; les vases sacrés et les ornements furent enlevés ; les saintes reliques emportées en Occident, les trésors de l’empire pillés ; en un mot, tout ce qui composait la magnificence de cette cité-reine fut ravagé[1]. À la vue de ces sacriléges dévastations, une tristesse profonde s’empara des vaincus, et mille voix crièrent au ciel : — « Seigneur, levez-vous, ne sommeillez pas, n’oubliez pas notre détresse et notre tribulation. » — Le Ciel entendit les plaintes des malheureux. Il excita un prince que la piété et le courage ont rendu également célèbre.

Nous parlons du roi des Bulgares, Asène II, fils d’Asène Ier, celui à qui appartient la gloire d’avoir rétabli l’empire bulgare. Sans se laisser arrêter par les reproches de ses adversaires, Asène II se donna pour défenseur de la foi, et il le prouva bientôt par ses œuvres. Saisissant une occasion favorable, il déclara la guerre à la race ennemie (c’est ainsi que les Bulgares appelaient la nation grecque), et se mit en campagne pour reprendre aux Grecs ce que ceux-ci avaient enlevé à ses ancêtres. Bientôt toute la Macédoine, avec la ville de Sères et le mont Athos ou la Montagne-Sainte, y compris la célèbre ville de Thessalonique, reconnut sa domination, ainsi que le pays de Triballes, la Dalmatie et l’Albanie, appelée aussi Arbanacie, jusqu’à Dyrrachium. Asène II établit partout des métropolitains, des évêques et des hégoumènes, comme l’attestent encore les chrysobulles gravées sur la façade de la Laure, au pied du mont Athos et sur celle du Protaton[2]. Ses conquêtes ne s’arrêtèrent pas là ; promenant son glaive dans tout le pays, il pénétra au cœur même de l’empire grec, assiégea la capitale et

  1. Ceux qui seraient choqués par ce passage, n’ont qu’à lire ce que les historiens modernes des Croisades ont écrit sur le même sujet.
  2. Église du couvent principal du mont Athos.