Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/528

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chez elle. Elle et moi étions les seules domestiques de la maison.

Le maître et la maîtresse arrivèrent après que nous fûmes installées. Et, à peine arrivées, on nous dit, en bas, qu’on attendait quelqu’un de la campagne.

La personne qu’on attendait était la nièce de ma maîtresse, et on apprêta pour la recevoir la chambre à coucher du fond, au premier étage. Ma maîtresse m’avertit que lady Glyde (ainsi s’appelait cette personne) était dans un triste état de santé, et que j’aurais par conséquent à soigner tout particulièrement ma cuisine. Elle devait venir le jour même, pour autant que je m’en souvienne ; — mais, n’importe de quoi il s’agisse, ne vous fiez point trop, là-dessus, à ma mémoire. J’ai le regret de dire qu’il est assez inutile de me questionner sur les jours du mois, de la semaine, et le reste. Excepté les dimanches, les trois quarts du temps, je n’y prends pas garde, étant une femme qui travaille dur et qui n’a pas reçu d’éducation. Tout ce que je sais, c’est que lady Glyde arriva, et quand elle arriva, elle nous fit, ma foi, une belle peur. Je ne sais pas au juste comment monsieur la fit entrer dans la maison ; car, à ce moment, j’étais rudement occupée. Mais il l’amena dans l’après-midi, à ce que je crois. Ce fut la servante qui alla leur ouvrir la porte et qui les introduisit au salon. Elle n’était pas revenue depuis longtemps avec moi dans la cuisine, quand nous entendîmes, en haut, un tintamarre ; la sonnette du salon allait comme une folle, et la voix de madame appelait au secours.

Nous montâmes en courant toutes deux, et là, nous vîmes cette dame étrangère étendue sur le sofa, la figure toute blanche, comme celle d’un fantôme, les mains étroitement fermées, et la tête tirée en bas, d’un côté. Elle avait été prise d’une frayeur soudaine, à ce que disait ma maîtresse ; et monsieur disait, lui, qu’elle était tombée en convulsions. Étant celle qui connaissait le mieux le quartier, je courus dehors pour aller chercher le médecin le plus proche. Je devais d’abord aller chez Goodricke et Garth, qui travaillent ensemble comme associés ; ils