Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/625

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— Oui, monsieur. Il s’appelait le major Donthorne.

— M. Cathorick, ou quelque autre parmi vos connaissances, aurait-il jamais ouï dire que sir Percival fût lié avec le major Donthorne ? Quelqu’un aurait-il jamais rencontré sir Percival aux environs de Varneck-Hall ?

— Je ne me rappelle pas, monsieur, que cela soit jamais arrivé à Catherick ni à aucune autre de mes connaissances…

Je notai le nom et l’adresse du major Donthorne pour le cas où il serait encore vivant, et où il pourrait être utile, un jour ou l’autre, de s’adresser à lui. En attendant, mes impressions personnelles étaient pour le moment tout à fait contraires à l’idée que sir Percival dût être supposé le père d’Anne Catherick ; tout à fait favorables, en revanche, à cette conclusion que le mystère de ces furtives entrevues avec mistress Catherick était absolument étranger à la honte dont cette femme avait souillé la bonne réputation de son mari. Je ne voyais aucune enquête ultérieure qui pût me mettre à même le confirmer cette impression ; — je n’avais plus qu’à encourager mistress Clements à s’étendre encore sur les premiers temps de l’existence d’Anne Catherick, et il fallait guetter toute suggestion que le hasard pourrait me fournir, une fois entré dans cette voie.

— Vous ne m’avez pas dit encore, repris-je, comment il se fit que la pauvre enfant, venue au monde sous de si fâcheux auspices, se trouvât, mistress Clements, confiée à vos soins.

— Personne autre n’était là, monsieur, répondit mistress Clements, pour prendre en pitié cette petite créature si débile. La méchante mère sembla l’avoir en haine — comme si c’était la faute de la pauvre petite ! — dès le jour de sa naissance. Cela me fit de la peine pour l’enfant et j’offris de l’élever avec autant de soins que si elle était à moi.

— Est-ce qu’à partir de cette époque, Anne vous demeura exclusivement confiée ?

— Pas tout à fait, monsieur ; mistress Catherick avait