Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/628

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Catherick, qui faisaient l’objet de mes recherches ; et j’étais arrivé à certaines conclusions, tout à fait nouvelles pour moi, qui pouvaient m’aider considérablement à diriger mes démarches ultérieures. Je me levai pour prendre congé ; mais auparavant je crus devoir rendre grâce à mistress Clements de la bonne volonté tout amicale qu’elle avait mise à me fournir des renseignements.

— Je crains bien de vous avoir paru fort indiscret, lui dis-je. Je vous ai posé bien des questions auxquelles beaucoup de gens, à votre place, ne se seraient pas souciés de répondre.

— Tout ce que je puis savoir, répondit mistress Clements, je le mets de grand cœur à votre disposition… S’arrêtant à ces mots, elle me regarda fixement… Mais j’aurais bien voulu, monsieur, continua la pauvre femme, que vous pussiez m’en dire un peu plus long sur le compte de mon Annette. Il m’a semblé lire sur votre visage, quand vous êtes entré, que vous le pourriez si vous le vouliez. Vous ne sauriez croire à quel point il m’est pénible de ne pas savoir encore, à l’heure qu’il est, si elle vit ou non. Je supporterais mieux une certitude quelconque. Vous disiez que nous ne devions pas nous attendre à la revoir vivante. Est-ce que vous sauriez, monsieur… est-ce que vous sauriez, pour sûr et certain… qu’il a plu à Dieu de nous la reprendre ?…

Un appel si touchant me trouva sans défense ; y résister eût été de ma part une bassesse, une cruauté indicibles.

— Je crains bien, lui répondis-je doucement, qu’il n’y ait pas à en douter ; je suis convaincu, pour ma part, qu’elle en a fini avec les chagrins de ce monde…

La pauvre femme se laissa tomber dans son fauteuil et me dérobant son visage : — Oh ! monsieur, dit-elle, comment le savez-vous ? qui peut vous l’avoir appris ?

— Personne, mistress Clements. Mais j’ai des raisons pour me sentir assuré de ce que je vous dis là ; des raisons que je vous communiquerai, je vous le promets, aussitôt que je le pourrai sans danger. Je suis certain qu’à ses derniers moments, elle n’a pas manqué de soins ; je suis certain que la maladie de cœur dont elle avait