Aller au contenu

Page:Collins - Le Secret.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce que lui avait dit mistress Norbury, et sans pouvoir compléter son récit en informant M. et mistress Frankland de la route prise par la femme de charge, au sortir de la maison qu’elle venait de quitter. Après quelques méditations, il résolut de questionner le valet de pied, sous prétexte de savoir si son tilbury était à la porte. Cet homme, ayant répondu au coup de sonnette, assura que la voiture était prête, et M. Orridge, en traversant le vestibule, lui demanda négligemment s’il savait à quelle heure de la matinée mistress Jazeph avait quitté la maison.

« Vers dix heures, monsieur, répondit le domestique, quand le voiturier est passé ici, se rendant à la station pour le train de onze heures.

— Le voiturier… Ah !… il aura pris ses bagages ? dit M. Orridge.

— Il l’a pardieu bien prise elle-même, repartit l’homme avec une grimace railleuse… Au moins une fois dans sa vie, il lui aura fallu voyager en carriole. »

En retournant à West-Winston, le docteur ne manqua pas de faire halte à la station du chemin de fer, afin de se procurer quelques détails dont il pût se faire honneur en arrivant à la Tête de Tigre. Justement, on n’attendait aucun train. Le chef de gare lisait son journal, et l’employé subalterne jardinait paisiblement sur le talus de la voie.

« Le train de onze heures du matin monte-t-il ou descend-il ? demanda M. Orridge, s’adressant à cet homme.

— Train descendant.

— A-t-il pris beaucoup de monde ? »

L’employé donna les noms de quelques habitants de West-Winston.

« N’y avait-il, en fait de voyageurs partant, que des gens de la ville ? demanda le docteur.

— Si, monsieur, je crois qu’il y avait aussi une étrangère, une dame.

— Est-ce le chef de station qui a délivré les billets pour ce train ?

— Oui, monsieur. »

M. Orridge se dirigea vers le chef de la station.

« Vous rappelez-vous avoir, ce matin, pour le train de onze heures, donné un billet à une dame voyageant seule ? »

Le chef de station réfléchit : « J’ai délivré des billets, pour la descente ou la montée, à une demi-douzaine de dames, depuis ce matin, répondit-il enfin, sans trop de précision.