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Page:Collins - Le Secret.djvu/262

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nominations, il réussit mieux, et, quand il eut complété son œuvre de transcription en reproduisant le titre : Plan du côté nord, sa copie, en somme, n’était pas absolument aussi méprisable qu’on l’aurait pu craindre. Après s’être assuré, par une comparaison détaillée avec l’original, qu’elle était exacte en tous points, il la plia conjointement avec la lettre du docteur Chennery, et la mit dans sa poche, non sans pousser un grossier soupir de soulagement, accompagné d’un sourire où se trahissait une joie sauvage.

Le lendemain matin, la porte du jardin de Treverton s’offrit aux yeux du public, sous un aspect jusque-là inconnu : elle était hospitalièrement ouverte à deux battants, et l’un des deux piliers était orné de la figure de Shrowl, qui s’y était adossé confortablement, les jambes croisées, les mains dans les poches, la pipe aux lèvres, attendant le retour du messager qui, la veille, avait apporté le message du docteur Chennery.



CHAPITRE III.

L’approche du précipice.


Partis de Londres pour Porthgenna, M. et mistress Frankland s’étaient arrêtés, le 9 mai, à la station de West-Winston. Le 11 juin, ils quittaient cette petite ville et se remettaient en route dans la direction du Cornouailles ; le 13, après deux couchées, ils arrivèrent, dans la soirée, à Porthgenna-Tower.

Il avait fait de l’orage, et il avait plu toute la matinée. Dans l’après-midi le temps s’était calmé, et, lorsqu’ils arrivèrent en vue du manoir, le vent était tombé ; un épais brouillard blanc dérobait la mer aux regards ; de temps à autre de petites pluies soudaines, précipitées sur le sol humide, semblaient le mettre en ébullition. Sur l’esplanade ouest, pas même un oisif n’était venu du village se mettre en observation, lorsque la voiture contenant M. et mistress Frankland, le baby et les deux domestiques, passa au pied d’icelle, se rendant au manoir. Personne, sur le seuil de la porte ouverte, n’attendait les voyageurs, car on avait renoncé à toute espérance de les voir arriver ce jour-là ; et le tumulte incessant du ressac, la mer