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Page:Collins - Le Secret.djvu/335

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femme, et il résolut d’agir en ce sens tout aussitôt, sans plus d’hésitation ou de retard. Avant que la nuit fût venue, les domestiques de Porthgenna, fort ébahis, reçurent l’ordre de faire les malles et de commander, au bureau de poste voisin, des chevaux pour le lendemain matin, de très-bonne heure.

Nos voyageurs partis, le premier jour, aussitôt que la voiture fut prête, se reposèrent en route, au milieu de leur étape, et s’arrêtèrent à Liskeard pour y passer la nuit. Le second jour, ils arrivèrent à Exeter et y couchèrent. Le troisième ils débarquaient à Londres, par le chemin de fer, entre six et sept heures du soir.

Lorsqu’ils se furent confortablement installés, pour la nuit, dans l’hôtel où ils descendaient ordinairement, et lorsqu’une bonne heure de repos, de calme absolu, les eut un peu remis des fatigues de la route, Rosamond, sous la dictée de son mari, écrivit deux billets. Le premier, adressé à M. Buschmann, le prévenait simplement de leur arrivée, et du désir qu’ils avaient de le voir à leur hôtel, dès le lendemain, et d’aussi bonne heure que possible. Il était prévenu, de plus, qu’il devait différer jusqu’après leur entrevue de faire connaître à sa nièce leur arrivée à Londres.

Le second billet était adressé à l’avoué de la famille, M. Nixon, le même qui, l’année d’avant, à la requête de mistress Frankland, annonçait à Andrew Treverton la mort du capitaine Treverton, son frère. Rosamond le priait, maintenant, tant au nom de son mari qu’en son propre nom, de passer le lendemain matin à leur hôtel, afin de leur donner son avis sur une question de nature très-délicate, et assez importante pour que la nécessité de la résoudre leur eût fait faire inopinément le voyage de Londres. Ces deux missives furent portées à leurs adresses respectives, par un messager, le soir même où elles furent écrites.

Des deux visiteurs qu’elles appelaient, le premier qui fit son apparition, le lendemain, fut, comme de raison, l’avoué Nixon ; vieillard avisé, beau parleur, parfaitement poli, qui avait connu le capitaine Treverton, et aussi le père du capitaine. Il arrivait, bien convaincu qu’on avait à le consulter sur quelques difficultés relatives au domaine de Porthgenna, difficultés que les jurisconsultes de l’endroit n’avaient sans doute pu résoudre, et de nature trop compliquée, trop confuse, pour qu’elles pussent être utilement traitées par correspondance. Quand on l’eut mis au courant de la question, dans tout ce qu’elle