Page:Comédie humaine - Répertoire.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

son père avait épousé, en secondes noces, la petite fille d’un traitant anobli sous Louis XIV ; elle était née de cette union, considérée comme une horrible mésalliance, et, quoique le marquis l’aimât beaucoup, il voyait en elle une étrangère. Il la fit, un jour, pleurer de reconnaissance, en lui disant, dans une circonstance solennelle : « Vous êtes une Esgrignon, ma sœur. » Émile Blondet, élevé à Alençon, avait connu et aimé, tout enfant, mademoiselle Armande, dont il louait, plus tard, la beauté et les vertus. Elle avait refusé, par dévouement pour son neveu, d’épouser M. de la Roche-Guyon et le chevalier de Valois ; elle repoussa également M. du Bousquier. Elle donna les plus grandes preuves de son affection toute maternelle pour Victurnien, à l’époque où il commit à Paris les fautes qui l’auraient mené sur les bancs de la cour d’assises sans les habiles démarches de Chesnel. Elle survécut à son frère, « à ses religions et à ses croyances détruites ». Vers le milieu du règne de Louis-Philippe, Blondet, venu à Alençon pour chercher les papiers nécessaires à son mariage, contempla encore avec émotion cette noble figure (La Vieille Fille. — Le Cabinet des Antiques.)

Espard (Charles-Maurice-Marie-Andoche, comte de Nègrepelisse, marquis d’), né aux approches de 1789. — Nègrepelisse de son nom ; d’une vieille famille méridionale, qui acquit, par un mariage, sous Henri IV, les biens et les titres de la famille d’Espard, du Béarn, alliée, elle-même, à la maison d’Albret, La devise du blason de ces Espard était : Des partem leonis. Les Nègrepelisse, catholiques militants, ruinés à l’époque des guerres de religion, s’enrichirent ensuite considérablement des dépouilles d’une famille de négociants protestants, les Jeanrenaud, dont le chef avait été pendu, lors de la révocation de l’édit de Nantes. Ces biens mal acquis profitèrent merveilleusement aux Nègrepelisse-d’Espard : le grand-père du marquis put, grâce à sa fortune, épouser une Navarreins-Lansac, héritière très riche ; son père, une Grandlieu (de la branche cadette). — Le marquis d’Espard se maria, en 1812, avec mademoiselle de Blamont-Chauvry, âgée de seize ans ; il en eut deux fils, mais le désaccord se produisit bientôt entre les deux époux. Par ses folles dépenses, madame d’Espard força le marquis à un emprunt, et il la quitta en 1816. Avec ses enfants, il alla se fixer rue de la Montagne-Sainte--