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Page:Comédie humaine - Répertoire.djvu/349

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Lupeaulx (Clément Chardin des), administrateur et homme politique, né vers 1785, tenait de son père, anobli sous Louis XV des armes où figuraient « un loup ravissant de sable emportant un agneau de gueules » avec cette devise : En lupus in historia. — Homme fin et ambitieux, prêt à toutes les entremises même les plus compromettantes, Clément des Lupeaulx sut se rendre utile à Louis XVIII dans des circonstances délicates. Plusieurs membres influents de l’aristocratie revenue lui confièrent des affaires embarrassées ou litigieuses. Il servit ainsi d’intermédiaire entre le duc de Navarreins et Polydore Milaud de la Baudraye et devint une sorte de puissance qu’Annette sembla craindre pour Charles Grandet. Il cumula fonctions et grades : fut maître des requêtes au conseil d’État, secrétaire général du ministère des finances, colonel dans la garde nationale, commissaire du gouvernement près d’une Société anonyme. Pourvu encore d’une inspection dans la maison du roi, il était, de plus, chevalier de Saint-Louis et officier de la Légion d’honneur. Effronté voltairien, mais allant à la messe, Bertrand toujours à la recherche d’un Raton, égoïste et vain, libertin et gourmand, cet homme d’esprit, très répandu dans tous les mondes, sorte de « femme de ménage » du ministre, mena de front jusqu’en 1825 le plaisir et le souci, les essais de fortune politique et les conquêtes galantes. On lui connut pour maîtresses Esther van Gobseck, Flavie Colleville ; peut-être même la marquise d’Espard. On le vit au bal de l’Opéra, où reparut Lucien de Rubempré, dans l’hiver de 1824. La fin de cette année modifia l’existence du secrétaire général. Criblé de dettes, au pouvoir de Gobseck, Bidault, Mitral, il fut contraint de donner l’une des divisions du Trésor à Isidore Baudoyer, malgré des intérêts de cœur qui le rapprochaient du ménage Rabourdin et gagna successivement à ce jeu la couronne de comte et la députation. Il ambitionnait encore la pairie, le titre de gentilhomme de la chambre du roi, une place à l’Académie des inscriptions et belles-lettres et la croix de commandeur. Ami du vicomte Savinien de Portenduère, il l’adressa, dans un jour de détresse, aux usuriers de sa connaissance qui n’écorchèrent pas trop le jeune homme. Dans l’année 1839, M. des Lupeaulx, largement quinquagénaire mais toujours empressé auprès des femmes, courtisait la seconde madame Matifat (La Muse du Département. — Eugénie Grandet. — La Rabouilleuse. — Illu-