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Page:Comeau - La vie et le sport sur la Côte Nord du Bas Saint-Laurent et du Golfe, 1945.djvu/116

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VÉRITABLE HISTOIRE DE REVENANT

chambre. Ça commençait à être intéressant. Je courus à l’escalier, j’en fermai sans bruit la porte Monté à ma chambre, j’en fermai aussi la porte et j’allai de suite à la table. J’étais à faire prendre une allumette, lorsque, histoire peut-être de me narguer, il se produisit un coup énorme, ratentissant, et assez violent pour en faire trembler toute la maison ; puis ce fut une suite de pas précipités dans l’escalier, et, après cela, silence complet.

Le coup était apparemment venu en dessous de mon lit ou du coin de ma chambre donnant sur le nord, comme je l’ai déjà dit. J’allumai la lampe, et je fis le tour de la chambre. Tout était exactement dans le même état qu’au moment où je m’étais couché. Redescendant l’escalier, j’en trouvai la porte toujours close, et la porte de devant verrouillée, comme l’avait fait M. Lausier. Je retournai en haut et j’examinai les trois autres chambres. Rien à noter là non plus. Le revenant était venu et reparti sans nous donner d’entrevue. C’était bien regrettable ; mais il n’y avait pas de ma faute. Je regardai à ma montre, il était minuit et demi. Je n’avais pas de temps à perdre, si je voulais me reposer un peu. Éteignant la lampe, je me recouchai et dormis tranquillement jusqu’au lever du jour, alors que j’entendis M. Lausier allumer son poêle.

Je descendis et lui souhaita le bonjour.

— Bonjour, me dit-il, je vous ai entendu marcher et descendre. Comme de raison, vous n’avez rien vu.

Je confessai que non.

— C’est comme rien ; fit-il. J’ai aussi fait le tour partout, la semaine dernière. Je sais que c’est l’âme de LeJ. C’est justement dans cette chambre-ci qu’il est mort, le pauvre garçon. Son âme aujourd’hui est à expier ses fautes. J’ai fait chanter une grand’messe pour lui, et le Père Arnaud m’a promis qu’il