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Page:Comeau - La vie et le sport sur la Côte Nord du Bas Saint-Laurent et du Golfe, 1945.djvu/123

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LES LOUPS-MARINS ET LEUR CHASSE

et partie de l’occiput et du museau sont devenus noires et que le reste du corps est absolument blanc. Après avoir nourri son petit pendant à peu près trois semaines, la femelle le laisse aller à son corps défendant, et, chose étrange, le petit ne semble pas du tout disposé à se jeter à l’eau.

À ce moment-là, la femelle a perdu l’énorme couche de gras qu’elle avait avant de mettre bas, et se jette à l’eau pour se refaire pendant quelque temps, après quoi à certains intervalles, elle reprend la glace ; mais au 20 mars, elle réapparaît près de la rive pour manger avec voracité. Son principal aliment est le capelan ou le hareng, mais elle ne dédaigne rien, dragonets, plies, crevettes et autres menus fretins, qu’elle avale indistinctement. J’ai même trouvé dans l’estomac de quelques-unes, des restes de saumon et d’aiglefin de Norvège, Sebastis norwegicus.

Ces loups-marins ne laissent pas tous la glace au même moment ; quelques-uns y demeurent jusqu’à la mi-avril et peut être, dans quelques cas, un peu plus tard ; je ne crois pas cependant qu’ils s’y attardent beaucoup au-delà de cette période car c’est la saison où ils s’accouplent. Chez eux, la durée de la gestation est à peu près la même que chez le loup-marin commun, c’est-à-dire environ neuf mois. Comme chez ce dernier aussi, la femelle ne met bas qu’un seul petit, ce n’est que dans de rares circonstances, dont quelques-unes à ma connaissance personnelle, qu’elle a des jumeaux. Dans un cas, j’avais tué une femelle qui portait deux petits.

Les mâles de cette espèce se battent férocement entre eux, et portent nombre de cicatrices provenant de coups de dents et de griffes qu’ils se sont infligés. Ils semblent ne pas posséder le sens de l’odorat, ou, s’il existe, il n’est pas très développé. À leur poursuite, en excursion de chasse, j’en ai vu fréquem-