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Page:Comeau - La vie et le sport sur la Côte Nord du Bas Saint-Laurent et du Golfe, 1945.djvu/140

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LES LOUPS-MARINS ET LEUR CHASSE

plies d’un lait qui est alors encore abondant. Elles sont efflanquées, et leur estomac et leurs intestins se sont rétrécis et tordus.

Ce qu’elles veulent en venant à terre, c’est de manger ; ce qu’elles font avec voracité. Leur nourriture consiste principalement en capelan, carrelet, dragonet (sculpin), hareng, une sorte de petite crevette, aiglefin de Norvège, etc. Avec une alimentation aussi variée que libérale, elles se font du gras au taux d’un pouce par semaine.

Les mâles seuls ont des crêtes qui une fois gonflées, leur donnent un aspect formidable. Ils sont très vindicatifs et n’hésitent pas, une fois blessés, à se ruer sur le chasseur, qu’il soit sur la glace ou dans son canot. Pesants, comme ils sont, et obstinément attachés à la vie, ce ne sont pas des adversaires à mépriser. Les femelles attaqueront bien rarement un chasseur dans son canot ; cependant, je me suis laissé dire qu’une femelle tuée avec son petit, près d’ici (Godbout), devint très furieuse et attaqua les chasseurs immédiatement. Je n’ai jamais vu de femelle sur la glace avec son petit, de sorte que je ne puis affirmer rien de positif à ce sujet. Sur l’assez joli nombre de femelles, environ cent vingt, que j’ai abattues à l’eau, il n’y en a eu que trois ou quatre qui m’ont sérieusement menacé.

La longueur d’un mâle adulte est de huit à neuf pieds, si j’en juge par quelques-uns que j’ai tués ; mais mon frère Edmond, qui était un chasseur de profession de loups-marins, prétend en avoir tué un qui avait onze pieds et quatre pouces de longueur. Quoiqu’il ne fut pas bien gras, il rendit cinq cent-vingt livres d’huile. Les deux plus gros que j’ai jamais tués pesaient environ mille livres, à en juger