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Page:Comeau - La vie et le sport sur la Côte Nord du Bas Saint-Laurent et du Golfe, 1945.djvu/151

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UNE CHASSE DE L’ANCIEN TEMPS AU CARIBOU

le chemin ; ce que le cultivateur avait pris pour les pistes de plusieurs caribous, n’étaient en réalité que celles d’un seul.

Je n’en revenais pas. Comment ! Voilà un caribou qui traversait des pistes humaines, les routes des bois, et qui fourrageait à droite et à gauche dans la cour d’une ferme sans la moindre apparence de crainte, c’était vraiment un caribou civilisé.

Je choisis la piste la plus fraîche, et nous voilà partis. M. Hamel me donna une idée de la topographie des lieux. Dans une direction sud-ouest, il y avait une étendue de quatorze milles de terrain en bois debout, et de sept ou huit milles droit à l’ouest de la voie du Grand-Tronc. La direction générale de la piste était ouest.

Nous y fîmes quelques petits raccourcis. Vu le mauvais état du chemin, la marche se faisait encore très pénible ; avec mes très larges raquettes tout de même, je ne m’en sentais guère, mais la battue que j’opérais pour mes compagnons ne paraissait par leur être de grande aide.

Vers 10 heures de la matinée, M. Méthot se sentit un douloureux point de côté. Étant un homme fort lourd de poids, cette randonnée ardue l’avait déjà beaucoup fatigué. Il décida de s’en retourner, et comme M. Chinic ne voulait pas le laisser aller seul, il fut entendu que M. Hamel et moi, nous continuerions la chasse. Environ une heure plus tard, mon compagnon abandonna aussi la partie ; il n’avait pu soutenir le pas et la marche dans le neige molle. Pour ma part, je voulais voir le bout de cette piste ; un chasseur du nord n’entend pas se laisser berner par son animal à demi apprivoisé.

Vers une heure de l’après-midi, les pistes se firent de plus en plus fraîches. Je m’avançais avec toutes les précautions possibles, lorsque j’entendis un bruit