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Page:Comeau - La vie et le sport sur la Côte Nord du Bas Saint-Laurent et du Golfe, 1945.djvu/191

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PERDU DANS LA FORÊT

Il nous fallait généralement près de deux heures pour nous organiser un campement assez confortable. Dans des camps comme celui que je viens de décrire, j’ai dormi alors que le thermomètre marquait trente degrés et plus au-dessous de zéro. Par de grands froids d’hiver, il fallait maintenir continuellement le feu, chacun à la relève, pendant que les autres en profitaient pour roupiller.

Le premier jour, nous fîmes environ quinze milles et nous campâmes sur une petite branche de la rivière Mistassini. Pendant la nuit, le temps devint nuageux et environ une heure avant l’aube, la neige commença à tomber. Nous déjeunâmes, nous reprîmes nos bagages et nous partîmes dès que nous pûmes voir clair devant nous.

Vers les dix heures de la matinée, le vent et la neige augmentèrent de violence. Nous pouvions à peine distinguer quoi que ce fût à cinquante verges et la marche devenait pénible. Nous débouchâmes sur un lac. L’indien s’arrêta, jeta un rapide coup d’œil autour de lui, puis se mit à traverser le lac en regardant de temps à autre derrière lui pour savoir s’il avait pris la bonne direction. Le lac avait un demi-mille de largeur. En arrivant de l’autre côté, je remarquai qu’apparemment, il cherchait un point de repère qui devait lui être familier, avant de continuer la marche. Évidemment satisfait enfin, de ce qu’il avait pu relever, nous entrâmes dans la forêt où, nous trouvant à l’abri, nous nous reposâmes quelques minutes et nous nous mîmes à causer un peu, mon compagnon me faisant remarquer que la tempête allait nous retarder, la marche devenant de plus en plus difficile.

Nous avions compté pouvoir arriver le troisième jour au premier établissement, celui de Monsieur Joseph Thibeau, mais à raison de seize milles de