Aller au contenu

Page:Comeau - La vie et le sport sur la Côte Nord du Bas Saint-Laurent et du Golfe, 1945.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
201
LA MORT DE ROBITAILLE

à pied, dans une région très difficile, sur une distance de près de quatorze milles, dont un tiers à travers des lacs et le reste à travers une épaisse forêt. Il n’y existait pas de sente régulière, mais seulement quelques vieilles marques sur les arbres.

Le matin de son départ de la Pointe-des-Monts pour Godbout, le temps était nuageux et menaçant. Quelques chasseurs l’avertirent que le temps était à la tempête et qu’il vaudrait mieux pour lui d’attendre. On ne put le convaincre, il était certain que tout irait bien et qu’il n’aurait pas de difficultés à se rendre à Godbout, vu qu’il avait déjà fait quatre fois le trajet.

Environ une heure après son départ, un vent d’est, avec de la neige, se mit à souffler, augmentant en violence d’heure en heure, jusqu’à devenir un véritable ouragan, qui dura toute cette nuit-là et une partie du lendemain, alors que le temps s’éclaircissait et que le froid se faisait intense.

Quelques jours plus tard, des chasseurs montèrent de la Pointe-des-Monts à Godbout et s’informèrent de Robitaille. Comme on n’en avait pas eu de nouvelles, on en conclut immédiatement qu’il avait dû périr et l’on organisa un parti pour aller à sa recherche. J’en étais.

Nous n’eûmes pas de difficultés à retrouver sa piste. Il avait suivi la bonne direction pendant environ quatre milles, mais il avait ensuite dévié à droite, probablement lorsque le gros temps était survenu. Il avait alors graduellement décrit un cercle d’environ un demi-mille pour revenir à sa propre piste qu’il avait suivie, pensant peut-être que c’était celle de quelqu’autre. Chose étrange, il continua ainsi, tant qu’à la fin sa piste se trouva durcie et creuse. Il avait un fusil, une hache, des allumettes, et quelques tranches de pain et du porc frais roti. Il ne s’était