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Page:Comeau - La vie et le sport sur la Côte Nord du Bas Saint-Laurent et du Golfe, 1945.djvu/209

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LE MAJOR HENRY SCOTT

de saules. Je lui offris d’emporter avec lui quelque chose à manger, mais il refusa en disant qu’il serait de retour à temps pour dîner.

Après s’être rendu à une certaine distance, il lui prit fantaisie de faire un raccourci à travers le bois jusqu’à la tête de la crique, en supprimant ainsi un mille de marche.

Mais, comme le dit un vieil adage : « c’est encore le chemin le plus long qui est parfois le plus court. »

Sa femme et lui entrèrent dans le bois, et, quelque temps après, ayant perdu leur direction principale, ils se mirent à errer à l’aventure. Le soleil était brillant, et il fut très facile au major de trouver approximativement le point du compas d’après l’heure, mais il n’était pas familier avec la topographie du pays, et ce ne fut que sur les trois heures de l’après-midi qu’il arriva à la Godout, à deux milles à l’ouest de l’endroit où il comptait sortir du bois.

Ne les voyant pas revenir à l’heure de dîner, nous commençâmes à nous inquiéter, et notre appréhension augmenta à mesure que l’heure avançait ; de sorte que ce fut un grand soulagement lorsqu’ils apparurent.

Ils étaient très fatigués, surtout Madame Scott, et souffraient de multiples piqûres de mouches.

Le major me raconta tous les troubles qu’il avait eus, et, naturellement, sans avoir pu trouver de saules. Avec cela, il lui était arrivé un malheur ; il avait perdu sa canne. Celle-ci, dans son genre, était un chef-d’œuvre. La poignée était un magnifique morceau d’ivoire sculpté avec un cercle en or et, valeur intrinsèque à part, c’était un souvenir de famille. Cette perte chagrinait beaucoup le major ; il parla d’engager des gens pour aller farfouiller le bois le lendemain, dans l’espoir qu’ils la retrouveraient. Il n’avait aucune idée de l’endroit où il pouvait l’avoir perdue.