Aller au contenu

Page:Comeau - La vie et le sport sur la Côte Nord du Bas Saint-Laurent et du Golfe, 1945.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Petite chasse au Cygne



DANS toute ma vie, j’ai tué trois cygnes. J’aurais eu l’occasion d’en tuer davantage, mais je n’ai jamais voulu abattre aucun autre de ses magnifiques volatiles, à moins que j’y eusse été poussé par la faim. Va pour les jeunes cygnes qui sont gras, mais quant aux vieux ils ne valent pas la peine d’être accommodés pour la cuisine, et je trouve que c’est un crime que de tuer un oiseau ou tout autre gibier, si ce n’est pas pour une fin utile.

Ce fut en 1864 que je fis tomber mes deux premiers cygnes. C’étaient les premiers que j’eusse encore vus sur cette côte ou ailleurs, à l’état sauvage. J’étais dans l’intérieur à trapper avec mon frère sur l’un des tributaires de la rivière Pentecôte, et nous étions à soixante-dix milles du bord de la mer. C’était vers la fin de septembre. Le jour d’avant et une partie de la nuit, il avait fait une grosse tempête de vent du sud-ouest avec du brouillard et une température plus chaude qu’à l’ordinaire à cette saison. Nous étions occupés à préparer nos quartiers d’hivers, à tendre des trappes, (dead-falls) pour la loutre et à dénicher des huttes de castor.

Nous étions campés sur le bord d’un lac d’environ une couple de milles de largeur, que la tempête de la veille nous avait empêchés de traverser.

À bonne heure le lendemain matin, nous étions en route. Nous nous rendions droit à la décharge du lac où il y avait une chute à loutre (Otter slide) par-dessus un ancien barrage de castor. La sortie elle-même avait probablement trente-six pieds de large et était bordée d’épinettes et de sapins de moyenne hauteur. À une courte distance de là, elle s’élargis-