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Page:Comeau - La vie et le sport sur la Côte Nord du Bas Saint-Laurent et du Golfe, 1945.djvu/340

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CHANCEUX COUP DE LIGNE

Au bout de quelque temps, la truite cessa de mordre dans la fosse où nous pêchions. Comme c’était mon tour à jeter la ligne, je montai sur un petit rocher à pic, d’où parfois nous faisions de bons coups de ligne, dans un petit remous au pied. Vu que ma perche était légère et que le poisson était gros et vigoureux, nous n’employions qu’une seule mouche à la fois.

Je n’eus pas plus tôt lancé la ligne avec sa mouche dans le remous, qu’il se fit un bouillonnement dans l’eau. J’avais maille à partir avec une truite de bonne taille, que je savais devoir peser au moins trois livres. Je jouai de la ligne du haut de mon rocher, et pendant que je m’amusais de la sorte je finis par trouver étrange que ma truite avait pris beaucoup plus de vigueur qu’avant. Je me pris à penser que j’avais fait erreur, la première fois que j’avais entrevu la silhouette de la truite. Je criai donc au commandant May que j’avais un énorme poisson au bout de ma ligne et le priai d’apporter le filet.

Tout doucement j’amenai la truite près de la grève, mais avant que l’on pût passer le filet au-dessous le commandant s’écria à ma grande stupéfaction :

— Mais, vous avez deux truites !

Je ne répondis pas, croyant qu’il avait pu avoir vu une autre truite tout près, ce qui arrive parfois ; car, assez souvent une truite en suivra une autre qui s’est prise à l’hameçon d’une ligne. L’instant d’après, je ramenais au bord de la grève, la truite qui, pendant ce temps-là, avait pris une courte embardée, et le commandant fit tomber deux truites dans le filet. Il ne s’était pas trompé.

L’une d’elle pesait trois livres et demie et l’autre deux livres, et toutes deux s’étaient prises à la même mouche.