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Page:Comment fut élaborée la Charte d'Amiens - Eugène MARTY-ROLLAN.pdf/16

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« C’est la même question qui se représente aujourd’hui ; sauf que la Confédération a pris de l’influence et de l’autorité. On ne peut plus la dédaigner. On n’ose pas l’attaquer. On veut l’absorber, en subordonnant l’action économique à l’action politique et les syndicalistes aux gens qui siègent au Palais-Bourbon. »

Et voilà Niel, pris entièrement par son sujet, qui aborde, au fond, la question :

« L’ouvrier, avant d’être un citoyen, est un salarié. Il y a l’unité de vue sur le terrain économique ; il n’en est pas de même sur le terrain politique. Le syndicalisme groupe tous les ouvriers, qu’ils soient catholiques ou socialistes et défend leurs intérêts identiques. Pour défendre leurs salaires, ils marcheront tous d’accord. Il faut chercher ce qui unit et non ce qui divise. La politique divise les ouvriers, le syndicalisme les groupe vers le même but. Le socialisme politique aveulit les ouvriers, en leur faisant croire qu’ils ne peuvent rien obtenir que par l’Etat ; le syndicalisme les libère de ce fétichisme et leur apprend qu’ils ne doivent compter que sur eux-mêmes.

« D’ailleurs, avec quel parti politique les ouvriers devraient-ils faire alliance ? Avec celui qui a le même idéal. Sans doute, mais cela va bien à dire pour les ouvriers fervents syndicalistes. Il n’en est pas de même de ceux qu’il faut maintenir dans les Syndicats et qui, à la première alerte, les abandonneraient, préférant leurs convictions politiques déjà anciennes à leurs conceptions syndicalistes encore flottantes. Il faut encore compter avec les syndicalistes anarchistes, fort nombreux, qui abandonneraient la Confédération traînée à la remorque du parti socialiste, politique qu’ils ne sauraient endurer.