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Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/216

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« Ses vertus étaient héroïques, et il ne lui en manquait pas une de celles qui font les plus grands saints…

« Durant les maladies contagieuses, alors qu’on nous fermait les portes des cabanes, et qu’on ne parlait d’autre chose que de nous massacrer, non seulement il marchait tête baissée où il savait qu’il y avait une âme à gagner pour le paradis, mais par un excès de zèle et une industrie de charité, il trouvait moyen de s’ouvrir tous les chemins qu’on lui fermait, de rompre tous les obstacles, quelquefois même avec violence.

« Son inclination la plus grande était d’assister les plus abandonnés, et quelque humeur rebutante que pût avoir quelqu’un, si chétif et si impertinent qu’il pût être, il sentait également pour tous des entrailles de mère, n’omettant même aucun acte de miséricorde corporelle. On l’a vu panser des ulcères si dégoûtants et qui rendaient une telle infection que les sauvages, et même les plus proches parents des malades ne les pouvaient souffrir. Lui seul y mettait la main tous les jours, en essuyait le pus et nettoyait la plaie des deux et trois mois de suite, quoique souvent il vît très bien que ces plaies étaient incurables… Il prenait des malades et les portait sur ses épaules une et deux lieues pour leur gagner le cœur et pour avoir occasion