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Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/229

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fermées, les présenta à mademoiselle Méliand.

Le pouce droit était seul entier, encore l’ongle en avait-il été arraché. L’index mâché et comme écrasé entre les dents avait été en outre horriblement tordu. Ce qui restait des autres doigts coupés à la première ou à la seconde phalange ou brûlés dans le calumet faisait mal à voir.

Gisèle sentit une douleur aiguë lui traverser le cœur à la pensée que le cher ami de son enfance pouvait être ainsi traité et fondit en larmes.

— Je vous en prie, dit le missionnaire, tout confus, ne faites pas attention à ces petites marques de mon séjour chez les Iroquois… Parlons du P. Garnier.

— Est-il bien changé ? demanda-t-elle, lorsqu’elle put parler.

— Je crois que oui, mais il a toujours sa physionomie rayonnante. Que ne puis-je vous dire ce que je sais de sa patience, de sa force, de sa charité céleste… Son zèle est infatigable. Je l’ai vu partir par les plus mauvais temps… aller d’un bourg à l’autre… tomber dans les rivières, risquer mille fois de tomber entre les mains des Iroquois. Rien ne l’arrête… Sa piété est pure et profonde. Mais surtout j’admirais son humilité. Quoique tout soit éminent en lui, il se mettait toujours au-dessous de tous. Lorsque nous étions ensemble, en