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Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/81

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sant, et, au delà de l’ombre projetée par les grands arbres, on aurait pu compter les fleurs du parterre. Les parfums du muguet et du lilas flottaient dans l’air, et, de temps à autre, des rumeurs vagues et profondes troublaient seules le silence de la nuit.

— Comme c’est beau ! comme c’est paisible ! murmura Charles Garnier en regardant avec émotion autour de lui.

Une lumière qui scintillait à travers le léger feuillage du balcon attira son attention. — C’est dans la chambre de Gisèle, dit-il. Elle veille donc encore, cette enfant ?

Le lieutenant des cuirassiers ne répliqua rien, mais resta à regarder la lumière comme si une étoile eût tout à coup surgi devant lui.

— Allons, dit Charles prenant son bras, qu’avez-vous à me dire ?

— Vous allez être un peu surpris, répondit l’officier sortant de sa rêverie, car je suis décidé à partir demain.

— Vous voulez partir demain ? s’écria Charles Garnier, du ton d’un homme qui n’en croit pas ses oreilles.

— Il le faut… il le faut absolument, répondit le lieutenant, l’entraînant vers une allée qui longeait le parterre, et je compte sur vous pour m’aider à justifier ce départ.