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Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/99

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l’oreille n’entendait toujours que le mugissement des vagues, le cri rauque des goëlands et la voix triste et douce de l’hirondelle de mer.

« Je ne sais quoi me soulevait, m’étreignait, m’emportait, et des larmes brûlantes s’échappaient souvent de mes yeux.

« De temps à autre, M. de Champlain s’arrêtait pour laisser reposer sa femme. Alors, nous nous arrêtions aussi.

« Une fois, que nous étions assis, admirant les flots verdâtres qui se jouaient au soleil, je lui demandai, non sans arrière-pensée, si la mer n’est pas la plus belle image du cœur humain.

— « La plus belle comme la plus vraie, me répondit-il, rougissant visiblement.

« Je le priai de développer sa pensée, et voici, d’après lui, les grands traits de ressemblance. L’océan a l’immensité, la profondeur, l’éternelle inquiétude. Tantôt traversé par les fanges de la terre, tantôt reflétant le ciel, il se lasse vite des plus beaux rivages. Parfois, on dirait qu’il va s’élancer tout entier, et des grains de sable l’arrêtent.

« Ces paroles m’attristèrent. Lui, tranquille, me demanda en quoi la mer ne ressemble pas au cœur humain.

« Je ne trouvais point, et il reprit : la mer ne se