Aller au contenu

Page:Conan - L'oublié, 1900.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
126
L’OUBLIÉ

« Mais ce n’est pas tout de se battre contre les sauvages, lui disait-il alors, il faut attaquer la forêt. Défricher, labourer, semer, c’est la noblesse de la main de l’homme. C’est presque aussi beau que de porter le drapeau.

Et pour lui faire apprécier le dur labeur, il lui racontait l’histoire d’un moine du VIe siècle, resté célèbre dans sa province.

« C’était, disait-il, un grand seigneur désabusé de bien des choses ; il résolut un jour de gagner le ciel et se présenta au monastère de Saint-Thierry, près de Reims. On le reçut : et à peine admis, il demanda d’être employé au travail le plus rude… On lui donna une charrue, des bœufs, et les terres du couvent à labourer… Il se mit à l’œuvre : et ni le vent, ni la chaleur, ni le froid, ni la pluie, ni la neige, ne lui firent jamais interrompre son travail… Il ne s’arrêtait que pour faire reposer ses bœufs… Malgré ses dures journées, il était toujours l’un des premiers rendus à l’office de nuit.