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L’OUBLIÉ

tier ouvert en pleine forêt, et à l’entrée du bois, le major tendit la main à sa femme.

Elle la prit sans rien dire ; et, comme pour lui rappeler sa faiblesse, le besoin qu’elle avait de sa protection, elle appuya la tête contre son épaule. Il ne parut pas s’en apercevoir : et une grande envie de pleurer monta au cœur de la jeune femme.

Elle avait frayeur de ces grands bois : elle frissonnait quand elle voyait quelque sauvage en sortir, marchant sans bruit comme les chats. Et pourtant, elle aimait ce sentier solitaire que les aiguilles desséchées des sapins couvraient par places. Tant de fois elle y avait passé avec son mari alors tendre, épris, follement heureux. Si graves que fussent les circonstances, de chers et délicieux souvenirs lui revenaient. La terre qu’ils avaient foulée, où parfois le héros avait déposé ses armes pour la serrer contre son cœur, gardait pour elle quelque chose du charme de ces heures. Alors, songeait-elle, il m’ap-