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Page:Conan - L'oublié, 1900.djvu/150

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L’OUBLIÉ

Closse était avec ceux qui s’en allaient mourir pour la patrie ; et, parfois, il restait des heures entières, sans paraître s’apercevoir de la présence de sa femme.

Voilà ce qui la faisait pleurer si amèrement, quand elle était à l’abri de tout regard.

Oh, la tristesse de ses pensées ! et comme elle appelait la mort, si le cœur de son mari s’était vraiment refroidi… si la bonté devait remplacer cette noble et passionnée tendresse qui répandait un bonheur si grand sur sa vie de périls et de misères.

La pensée d’un reproche ne lui venait même pas. Elle comprenait qu’en ces jours d’angoisse patriotique, toute plainte personnelle paraîtrait misérable à cet homme souverainement généreux. Elle savait que le sentiment qui le dominait était auguste. Jamais elle ne l’avait tant admiré, tant aimé. Malgré la souffrance secrète, malgré les inquiétudes et les alarmes, jamais elle n’avait été plus attentive à ses plus légers besoins.