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Page:Conan - L'oublié, 1900.djvu/152

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L’OUBLIÉ

Chaque instant ajoutait à l’acuité de son chagrin ; et, malgré tous ses efforts, elle ne put bientôt plus retenir ses larmes.

Penchée sur son ouvrage, elle les laissait couler sans les essuyer pour ne pas attirer l’attention de son mari ; mais il s’était aperçu qu’elle pleurait, et ces larmes discrètes, silencieuses le touchaient plus que n’aurait fait une véhémente explosion de douleur. Au fond de son cœur, il sentait comme un remords, et l’attirant à lui :

« Pauvre enfant, » dit-il, en essuyant ses pleurs. Ces jours sont terribles à traverser.

— Ce n’est pas cela, commença-t-elle, tâchant de se dominer ; mais sentant qu’elle perdait tout empire sur elle-même, elle se tut et cacha son visage entre ses mains.

— Ce n’est pas cela, répéta le major, surpris et troublé. Il appuya la main sur le front de sa femme, le pencha un peu en arrière et regarda son visage avec une