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L’OUBLIÉ

Passion, il faut que tout y saigne, que tout y souffre. C’est au mois d’octobre 1644 que je m’installai à l’hôpital. Ah ! je me rappelle bien ce jour. On veut bien m’accorder du courage ; mais, ce soir-là, comme je me sentis seule et triste… Je me demandais lâchement : Pourquoi suis-je venue ici ? et, une fois dans ma chambre, je pleurai longtemps. Mais bientôt on m’apporta des blessés. Cette terrible guerre de surprises avait commencé… Me sentir utile à ces braves me rendit l’énergie, la gaieté. Le danger devint si grand que M. de Maisonneuve nous obligea tous à nous retirer au fort. Les Iroquois se cachaient partout, dans les grandes herbes… derrière les souches… dans les broussailles… Ils tombaient des arbres, agiles comme des chats sauvages. Nous aurions tous péri bien des fois, sans les chiens qui donnaient l’alarme.

— J’ai beaucoup entendu parler de Pilote, dit Élisabeth, dont un sourire éclaira pour la première fois le visage.