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Page:Conan - L'oublié, 1900.djvu/98

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L’OUBLIÉ

voir. Comme il allait, sans défiance, reprendre son siège, le mourant, galvanisé par la haine, bondit tout à coup et son bras armé d’un couteau s’abattit sur le major qui lui tournait le dos : jamais le héros n’avait été plus en péril. Mais agitée d’une inquiétude qu’elle trouvait folle, Élisabeth avait suivi les mouvements du sauvage. Prompte comme la pensée, elle s’élança, et détourna le coup.

L’Iroquois lui jeta un regard de rage ; le couteau s’échappa de sa main, une bave hideuse monta à ses lèvres ; un frisson convulsif agita tout son corps, puis les nerfs, tendus par un effort surhumain, se débandèrent comme les cordes d’un arc ; les yeux fixes, embrasés roulèrent dans leurs orbites, et il tomba lourdement sur le plancher.

Élisabeth et le major se regardaient sans rien dire, dans un profond saisissement. Une joie intense, une joie divine rayonnait dans les yeux de la jeune fille. Elle s’était blessée en saisissant l’arme,