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Page:Condorcet - Observations de Condorcet sur le vingt-neuvième livre de L'esprit des lois.pdf/7

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sur le xxixe. liv. de l’esprit des lois.

Chapitre III. — Que les lois qui paraissent s’éloigner des vues du législateur y sont souvent conformes.

Le premier devoir d’un législateur est d’être juste et raisonnable. Il est injuste de punir un homme pour n’avoir pas pris un parti, puisqu’il peut ou ignorer quel est le parti le plus juste, ou les croire tous deux coupables. Il est contre la raison de prononcer la peine d’infamie par une loi ; l’opinion seule peut décerner cette peine. Si la loi est d’accord avec l’opinion, la loi est inutile ; et elle devient ridicule, si elle est contraire à l’opinion.

Montesquieu ne se trompe-t-il pas sur l’intention de Solon ? Il semble qu’elle était plutôt d’obliger le gros de la nation à prendre parti dans les querelles entre un tyran un sénat oppresseur, des magistrats iniques, et les défenseurs de la liberté, afin d’assurer à ceux-ci l’appui des citoyens bien intentionnés, mais que la crainte aurait empêchés de se déclarer.

C’était un moyen de changer en guerre