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Page:Condorcet - Seconde lettre de M. de Condorcet, à M. le comte Mathieu de Montmorency, député du bailliage de Montfort-l'Amaury.pdf/10

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dix mille livres de rente en fonds de terres deviendront de plus en plus rares, & que cette nouvelle Ariſtocratie tendroit continuellement à ſe reſſerrer.

Dans l’état actuel vous se trouveriez pas dix mille chefs de famille ayant dix mille livres de rente en terres, & ſi le droit de primogéniture eſt aboli, ſi le Commerce devient libre, ſi les Finances ſont bien adminiſtrées, il n’en exiſtera pas trois ou quatre mille dans quelques générations. Cette claſſe ariſtocratique ſeroit donc dès ce moment beaucoup moins nombreuſe que la Nobleſſe, & elle doit diminuer encore dans la ſuite.

On voudroit une diſtinction d’âge, je crois inutile de l’établir par la Loi ; pourquoi traiter toujours les hommes comme des enfans ? Pourquoi ſuppoſer qu’ils choiſiront de jeunes gens pour des places qui exigent de la maturité & de l’expérience ? Pourquoi même exclure les jeunes gens que des qualités extraordinaires rendroient dignes d’être élus ?

L’exemple de M. de la Fayette, de M. Pitt, n’a-t-il pas prouvé qu’aucun mérite public n’eſt incompatible avec la jeuneſſe ? J’en