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Page:Condorcet - Seconde lettre de M. de Condorcet, à M. le comte Mathieu de Montmorency, député du bailliage de Montfort-l'Amaury.pdf/20

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tantôt comme inférieurs en lumieres aux Repréſentans, ou bien juger qu’il eſt probable que quand ils s’accordent ils ſont plus près de la vérité ; ce qui n’étant vrai pour des hommes de divers partis, de divers principes, forceroit à ſuppoſer que les Citoyens les croiront malgré cette oppoſition également dignes de leur confiance, puiſqu’il ſeroit injuſte & abſurde de ſoumettre l’adoption des loix à des hommes qui n’auroient pas évidemment la confiance des Citoyens. Comment le vœu unanime de ſix cent Repréſentans appuyé par la minorité des Sénateurs ne ſeroit-il pas le vœu de la Nation qui a concouru toute entiere à nommer ces Repréſentans, & que le vœu de trois cent-un Repréſentans, & de cent-un Sénateurs, ſeroit le vœu de la Nation, quoique vu l’inégalité néceſſaire dans les diviſions de territoire, ils pourroient n’avoir été élus que par moins de la moitié ?

On a propoſé dans le cas de diviſion entre les deux Chambres, de les réunir pour une nouvelle diſcuſſion. Cette meſure peut être bonne ou mauvaiſe, ſuivant la compoſition de ces Chambres, & la maniere d’y délibérer,