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Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/521

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apparurent dans la chambre, puis deux autres, et, entre ceux-ci, Mathias, les mains liées derrière le dos, la tête penchée sur la poitrine, pâle, confus, tremblant et comme anéanti.

Cécile couvrit ses yeux de ses deux mains, jeta un cri et se tourna vers le mur pour ne pas voir cette scène ; Barthélemy, comme pétrifié, contemplait fixement le terrible cortège qui défilait devant lui.

— Regardez, s’écria la mendiante, voilà comme Dieu punit le mal ! et il a choisi une pauvre mendiante pour son instrument !

Et comme les gendarmes s’approchaient de la porte avec le prisonnier, elle s’écria encore :

— Monstre d’hypocrisie, assassin ! cours, hâte-toi ! l’échafaud, la guillotine… et pour finir, l’enfer, l’enfer, et le feu éternel !

Mathias, accompagné des gendarmes, sortit du couvent. Lorsque les paysans et les paysannes le virent paraître, il s’éleva contre lui une telle clameur de vengeance, qu’il courba encore plus bas la tête sur la poitrine et trembla comme s’il eût craint que sa dernière heure fût sur le point de sonner. Il était pâle comme un mort, ses cheveux étaient en désordre, ses vêtements sales et déchirés… ses mains étaient couvertes de sang desséché, tant il s’était meurtri et blessé en s’efforçant d’arracher de ses gonds la porte du caveau.

La vue de ce sang auquel ils attribuaient une origine criminelle transporta de fureur les paysans.

Ils s’excitaient l’un l’autre par mille cris à tirer vengeance du coupable, ils voulaient s’emparer de celui-ci,