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Page:Constant - Adolphe.djvu/126

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par mes ordres et pour mes affaires. Je subviendrai libéralement à vos dépenses. Vous sentirez vous-même bientôt que la vie que vous menez n’est pas celle qui vous convenait. Votre naissance, vos talents, votre fortune, vous assignaient dans le monde une autre place que celle de compagnon d’une femme sans patrie et sans aveu. Votre lettre me prouve déjà que vous n’êtes pas content de vous. Songez que l’on ne gagne rien à prolonger une situation dont on rougit. Vous consumez inutilement les plus belles années de votre jeunesse, et cette perte est irréparable. »

La lettre de mon père me perça de mille coups de poignard. Je m’étais dit cent fois ce qu’il me disait ; j’avais eu cent fois honte de ma vie s’écoulant dans l’obscurité et dans l’inaction. J’aurais mieux aimé des reproches, des menaces ; j’aurais mis quelque gloire à résister, et j’aurais senti la nécessité de rassembler mes forces pour défendre Ellénore des