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Page:Constant - Adolphe.djvu/133

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était parvenu que vaguement en Russie, où, pendant son exil, il avait toujours habité. Ellénore était son enfant unique : il avait peur de l’isolement, il voulait être soigné : il ne chercha qu’à découvrir la demeure de sa fille, et, dès qu’il l’eut apprise, il l’invita vivement à venir le rejoindre. Elle ne pouvait avoir d’attachement réel pour un père qu’elle ne se souvenait pas d’avoir vu. Elle sentait néanmoins qu’il était de son devoir d’obéir ; elle assurait de la sorte à ses enfants une grande fortune, et remontait elle-même au rang que lui avaient ravi ses malheurs et sa conduite ; mais elle me déclara positivement qu’elle n’irait en Pologne que si je l’accompagnais. Je ne suis plus, me dit-elle, dans l’âge où l’âme s’ouvre à des impressions nouvelles. Mon père est un inconnu pour moi. Si je reste ici, d’autres l’entoureront avec empressement ; il en sera tout aussi heureux. Mes enfants auront la fortune de M. de P***. Je sais bien que je serai généralement blâmée, je passerai pour