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Page:Constant - Adolphe.djvu/268

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nements peuvent les dompter. Le sacrifice de leurs sentiments n’est point présenté comme impossible. Bérénice se résigne à vivre sans Titus ; Monime à épouser Mithridate ; Atalide à voir Bajazet s’unir à Roxane ; Esther n’aime point Assuérus. Les héroïnes de Voltaire luttent contre les obstacles. Celles de Racine leur cèdent, parce que les unes et les autres sont de la même nature que tout ce qui les entoure. Thécla ne peut lutter ni céder : elle aime et elle attend. Son sort est fixé : elle ne peut en avoir un autre ; mais elle ne peut pas non plus le conquérir, en le disputant contre les hommes. Elle n’a point d’armes contre eux ; sa force est tout intérieure. Par là même, son sentiment l’affranchit de toutes les convenances que prescrit la morale que nous sommes habitués à voir sur la scène.

Thécla n’observe aucun des déguisements imposés à nos héroïnes ; elle ne couvre d’aucun voile son amour profond, exclusif et pur ; elle en parle sans réserve à son amant. « Où serait,