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Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 2.djvu/18

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& craignant d’être la cause de la mort de la Bête, se réveilla tout d’un coup, & fut sans tarder déclarer à toute sa famille qu’elle ne vouloit plus différer son départ. Cette nouvelle causa différens mouvemens. Le Pere laissa parler les larmes, les fils protesterent qu’ils ne la laisseroient pas partir, & les Amans au désespoir, jurerent de ne point désemparer sa maison. Les filles seules, loin de paroître affligées du départ de leur sœur, ne firent que louer sa bonne foi, se parant même de cette vertu, elles osérent assurer que si, comme la Belle, elles eussent données leurs paroles, la figure de la Bête ne les feroit pas balancer sur un si juste devoir, & qu’elles feroient déjà de retour à ce Palais merveilleux. C’est ainsi qu’elles vouloient déguiser la cruelle jalousie qu’elles avoient dans le cœur. Cependant