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Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 3.djvu/115

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vaux de fil qu’elle devoir rendre le soir.

La Princesse ne put se voir réduite dans un état aussi humiliant sans répandre bien des larmes, & peut-être n’auroit-elle point balancé à se donner la mort pour abréger une vie aussi malheureuse, si elle n’avoit pas eu sujet de craindre que Richarde & Pigrièche enragées de la voir délivrée de leur tyrannie, ne s’en vengeassent sur son pere, de plus quand elle n’auroit pas redouté ce dernier trait de leur méchanceté, elle n’auroit encore pû se résoudre à l’abandonner dans cette abominable maison, seul & sans aucune consolation.

Elle prit donc son parti avec courage, & après avoir placé son troupeau dans un lieu commode, elle le mit à filer, quoiqu’elle fût peu versée à cet ouvrage ; comme elle étoit diligente & adroite, elle eût rempli le nombre des