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Page:Contes tjames, trad. Landes, 1887.djvu/12

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temps prochain, une étude d’ensemble sur la langue, les mœurs et la littérature de ce peuple ; de nombreuses inscriptions enfin, recueillies par ses soins et complétées par les traditions locales, renouvelleront sans doute l’histoire des Tjames et nous la présenteront sous un autre jour que la sèche et sanglante chronique annamite.

Après avoir longtemps attendu cette publication qui doit ouvrir un champ nouveau aux études indochinoises, j’ai cru qu’il me serait permis de la devancer dans le modeste domaine du folk lore en publiant quelques contes recueillis à Saigon parmi les Tjames qu’y avait amenés M. Aymonier. Le principal contributeur a été un Tjame de Phanri nommé Mul Tjœk qui, poursuivi par ses créanciers, s’était réfugié chez le chef montagnard que nous appelions Patao. Celui-ci l’employa naturellement à des corvées, et Mul Djœk, mécontent de son sort, s’échappa et vint échouer à Saigon où il me fut amené. M. Aymonier le prit à son passage, l’emmena au Binh Thuân et le ramena avec plusieurs autres.

Pendant ce second séjour je fis écrire par Mul Tjœk les contes qui font l’objet de la présente publication. Il les écrivait en tjame et me les expliquait en annamite. Quelques exemplaires du texte et du lexique qui le complète ont été autographiés pour l’usage des personnes que peut intéresser l’étude de la langue tjame. Pour les amateurs de folk lore la traduction suffira. J’ai suivi d’aussi près que je l’ai pu les explications de mon guide ; mais, quoique les textes soient assez étendus et ne paraissent pas offrir de difficulté particulière, je ne puis espérer avoir échappé à toutes les inexactitudes de détail si difficiles à éviter dans la traduction d’un texte écrit dans une langue dont il n’existe pas de dictionnaire, et où je n’avais d’autre secours que les alphabets et les notions de grammaire donnés par M. Aymonier. J’ai dû observer dans cette traduction la littéralité la plus stricte afin que mon travail