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Page:Contes tjames, trad. Landes, 1887.djvu/71

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La nuit suivante également le tigre prit des cerfs et des chevreuils et les porta dans la cour de cet homme. Au matin celui-ci vit les cerfs et les chevreuils étendus dans sa cour. Le mari et la femme les prirent et en firent de la viande. Cette nuit le tigre vint en cachette écouter ce que l'homme disait à sa femme. La femme demanda : Qui porte ces cerfs et ces chevreuils dans notre cour ? L'homme répondit : Je ne sais pas. La femme gémissant se plaignit qu'il lui disait ordinairement toutes choses, comment se fait-il que cette fois il ne me dise pas la vérité ? Alors le mari lui conta que ce jour-là il était à couper des pieux et qu'il vit le tigre se battre avec le vautour. Le tigre était le plus faible, il m'appela à son secours et j'y courus. Le vautour eut peur de moi et lâcha le tigre[1].

Or, le tigre était caché derrière la maison de l'homme et il l'entendit parler ainsi avec sa femme. Le tigre dit : Maintenant je t'ai entendu, tu as parlé avec ta femme, viens demain matin à la mare que j'ai épuisée pour que je te mange.

L'homme ne savait que faire, il ne faisait que pleurer et regretter sa femme, et il raconta la chose à sa femme. Le lendemain matin il alla droit à la mare que le tigre avait épuisée et chemin faisant il pleurait. En route, il rencontra le lièvre et celui-ci lui demanda : Où vas-tu pleurant ainsi par tout le chemin ? L'homme répondit : Je vais me faire manger par le tigre. Le lièvre dit à l'homme : Comment se fait-il que tu ailles te faire manger par le tigre ? L'homme répondit au lièvre : Un jour le tigre et le vautour se battaient pour des poissons et le tigre fut vaincu par le vautour, il m'appela à son aide, j'accourus, et j'empêchai le vautour de piquer le tigre (du bec), le tigre m'avait recommandé en m'en retournant de ne dire à personne

  1. Il y a dans tout ce morceau un mélange à peu près inextricable de discours direct et indirect. La traduction suit le texte d'aussi près que possible.