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Page:Contes tjames, trad. Landes, 1887.djvu/90

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Kajong réfléchissait et s'attristait dans son cœur et versait des larmes. Sa mère adoptive la voyant pleurer ainsi prit un paquet de fil embrouillé et lui ordonna de le démêler, ensuite elle irait au palais pour essayer le soulier comme les autres. Kajong ne débrouilla pas le fil, elle ne faisait que pleurer. Le seigneur du Ciel la vit ainsi pleurant tristement, il envoya des fourmis ramper dans ce fil, ces fourmis rampèrent dans ce paquet de fils et les dévidèrent tous. Kajong prit le fil et le donna à sa mère adoptive.

La mère alors prit un boisseau de sésame et un boisseau de maïs et ordonna à Kajong de les verser sur un van, de les trier et de mettre le sésame d'un côté et le maïs de l'autre. Quand elle les aurait triés, elle lui permettrait d'aller avec les autres.

Or, Kajong d'une part pleurait, de l'autre triait ce sésame et ce maïs. Le seigneur Alwah[1] la vit ainsi pleurer et s'attrister ; il ordonna aux oiseaux de toute espèce de la forêt, aux termites, aux fourmis, aux scorpions, aux scolopendres, aux cancrelats jaunes, aux cancrelats rouges de venir aider à ramasser, (de venir) aider à trier avec Kajong. Ils trièrent tout le boisseau de sésame et de maïs.

La mère adoptive de Kajong lui permit alors d'aller au palais du roi pour essayer comme les autres le soulier que le roi avait trouvé. Kajong prépara des feuilles de bétel qu'elle enveloppa dans un mouchoir, elle se vêtit d'un langouti et s'en alla solitaire ; elle alla toute seule et arriva au palais après les autres. Elle alla droit à l'endroit où se trouvait le soulier qu'elle avait ramassé et qu'elle avait caché. Elle prit ce soulier d'or et le mit dans son mouchoir, ensuite elle alla seule et, tout en marchant,

  1. Alwah ou Aw Lwah pourrait être une corruption d'Allah. Ce conte provient de Tjames païens, mais ils prétendent que leurs congénères musulmans adorent également Alwah.