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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/11

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où elle demeurait. Sa beauté, son air de souffrance, ses manières si différentes de celles des bonnes gens qui l’entouraient, tout s’unit pour inspirer le plus vif intérêt au frère et à la sœur. Le lendemain ils allèrent savoir des nouvelles de la belle inconnue, et continuèrent à la voir un moment chaque jour, pendant le peu de temps qu’ils restèrent à Bath.

John mit tout en usage pour savoir qui elle était ; mais ce fut en vain ; tout ce qu’il put apprendre, c’est que sa vie était sans tache. Depuis qu’elle habitait les environs de Bath, elle n’avait point reçu d’autres visites que celles qu’il lui avait faites avec sa sœur, et ils avaient jugé à son accent qu’elle n’était point Anglaise. C’est à cette petite aventure qu’Émilie avait fait allusion en s’efforçant d’arrêter les mauvaises plaisanteries qu’il faisait à ses sœurs, plaisanteries que John, emporté par sa vivacité, poussait souvent trop loin, en dépit de son cœur.



CHAPITRE II.


Le monde se subdivise en cercles plus ou moins étroits qui s’appellent encore le monde.
Swift.


Le lendemain du jour où avait eu lieu la conversation que nous venons de rapporter, Mrs Wilson, ses nièces et son neveu profitèrent de la beauté du temps pour pousser leur promenade jusqu’au presbytère, où ils avaient l’habitude de faire de fréquentes visites. Ils venaient de traverser le petit village de B***, lorsqu’une belle voiture de voyage à quatre chevaux passa près d’eux et prit la route qui conduisait au Doyenné.

— Sur mon âme ! s’écria John, ce sont nos nouveaux voisins, les Jarvis ! Oui, oui, le vieux marchand doit être celui qui est tellement blotti dans le fond de la voiture que je l’avais pris d’abord pour une pile de cartons. Cette figure fardée et surmontée d’un si grand nombre de plumes doit être celle de la vieille dame… de Mrs Jarvis, veux-je dire ; les deux autres sont sans doute les belles miss Jarvis.