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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/118

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nécessaires pour le soulagement du malade, et faisait en silence les plus ferventes prières pour sa guérison.

John était sur-le-champ parti à cheval pour F***, et Jarvis s’était offert pour aller au presbytère et à Bolton.

Denbigh demandait à chaque instant et avec anxiété si le docteur Yves n’arrivait pas ; mais le bon ministre était auprès d’un de ses paroissiens malade quand la fatale nouvelle parvint jusque chez lui, et la soirée était très-avancée avant qu’il pût arriver à Moseley-Hall.

Enfin, après trois heures d’une mortelle attente, John revint avec le docteur Black, chirurgien du régiment en garnison à F***. Il se mit aussitôt en devoir d’examiner la blessure. La balle avait percé le sein droit et avait pénétré assez avant dans les chairs ; cependant l’extraction n’en fut pas difficile, et le chirurgien apprit aux amis inquiets de Denbigh que ni les poumons, ni rien de ce qui avoisine le cœur n’avait reçu la moindre atteinte. La balle était très-petite, et il n’appréhendait d’autre danger que celui de la fièvre ; il avait pris les moyens ordinaires pour en modérer la violence, et il espérait que le malade serait entièrement remis avant un mois : — Mais, ajouta le chirurgien avec le sang-froid inséparable de sa profession, ce jeune homme l’a échappé belle, et, un demi-pouce plus bas, tous ses comptes en ce monde eussent été réglés.

Les espérances que faisait concevoir le docteur Black répandirent un baume salutaire dans tous les cœurs, et des ordres sévères furent donnés dans le château pour qu’aucun bruit ne vînt troubler le blessé, et empêcher un sommeil dont on espérait de si bons effets.

Le docteur Yves arriva à Moseley-Hall. Jamais Mrs Wilson ne l’avait vu dans un trouble semblable à celui avec lequel il l’aborda lorsqu’elle alla à sa rencontre sous le vestibule. — Vit-il encore y a-t-il quelque espérance ?… où est George ?… s’écria-t-il en prenant avec un mouvement convulsif la main que lui tendait Mrs Wilson. Elle lui rapporte brièvement les espérances que le chirurgien leur avait données.

— Ô mon Dieu, je te remercie, s’écria le bon ministre d’une voix étouffée ; et il se précipita dans le parloir. Mrs Wilson le suivit lentement et en silence ; après l’avoir laissé seul pendant quelques minutes, elle allait entrer, lorsque par la porte entr’ou-